Cher enfant, j’avais tellement hâte de passer l’été avec toi…
Je m’ennuyais de piler sur des souliers de Barbie chaque jour, de ramasser ton pique-nique dans le salon et d’essuyer ta flaque de lait séché datant du matin.
Ou la pinte entière. Ça dépend des matins.
Je ne me souvenais pas qu’il me serait impossible de sortir l’auto du garage tellement y’a des vélos et que je devais te préparer seize collations.
À l’heure.
Je me réjouissais à l’avance de pouvoir tout arrêter, sans préavis, pour faire ton taxi personnel et aller te porter chez ton ami, au skate park ou à tes pratiques. Ça me permet de me rappeler que je suis essentielle pour toi.
La base d’un parent, tsé.
J’avais oublié que tu me laissais tes shorts sur le divan et un bas roulé dans l’entrée pour m’avertir que tu partais te baigner chez le voisin.
Merci de veiller à mon anxiété.
J’avais si hâte de ramasser ton maillot mouillé en motton et ta serviette au milieu du corridor ou dans le fond de ton sac à dos trois jours plus tard.
Quelle façon originale de me remercier!
Mais, je ne me rappelais pas qu’on t’avait autant négligé avec si peu de jeux disponibles… C’est vrai que cinq armoires, une bibliothèque remplie de tes livres préfs, une table à ping-pong, un trampoline, un vélo, une trotinette, trois nerfs, un panier de basket et dix ballons, c’est pas vraiment suffisant pour t’occuper quand tes amis ne sont pas là ou qu’il ne te reste plus de minutes sur ta tablette.
Je m’en veux tellement.
Et dis-moi mon enfant, combien de fois te changes-tu dans un avant-midi? Deux? Trois? Vint cinq fois? Ça ne me dérange pas. Tu sais que j’aime les tas un peu partout dans la maison. Mais, mon chéri, peux-tu les trier par couleur? Ça m’aiderait un peu quand je fais une brassée.
Oh, tu étais occupé à jouer à Roblox? Laisse faire alors, je m’en occupe!
Mais avant de te laisser vaquer à tes vacances, sache mon amour que par tes gestes remplis de sagesse, j’ai finalement compris. Oui, j’ai compris que, dans le fond, c’est toi qui a raison. Depuis le début. Les vacances d’été, ça sert à relâcher. Oublier la routine. Se gâter. J’ai compris que les vacances c’est fait pour pour rire. Pour jouer. Pour profiter de la vie.
Alors Parents, acceptons l’imparfait, vivons dans ce chaos temporaire et amusons-nous avec eux. Car, après tout, on n’a que dix-huit étés avant que la maison redevienne spick’n’span…
Pis vide.
Pis vraiment plate.